On dit souvent que les douleurs dentaires sont
les pires douleurs que l'on puisse ressentir. Mais pourquoi ?
Comment les reconnaître pour mieux les soulager ?
Traumatisme, caries, langue qui brûle... tout savoir sur ces douleurs
mystérieuses.
Entretien avec le Pr Vianney DESCROIX, chirurgien-dentiste et docteur en pharmacie -
Service d’odontologie du Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière
La douleur est liée en général à une
atteinte tissulaire brutale (traumatisme ou lésion inflammatoire). Elle est
souvent associée à des réactions physiques (tachycardie, sueurs, élévation de
la pression artérielle) et à une anxiété. Il s’agit d’un signal d’alarme dont
la « finalité » est d’informer l’organisme d’un danger pour son intégrité.
Une fois son origine identifiée, sa prise en charge nécessite sa reconnaissance et un traitement essentiellement pharmacologique avec un objectif curatif.
La sphère orofaciale est richement innervée, ce qui peut complexifier le diagnostic et la thérapie à déployer pour prendre en charge le patient souffrant de douleurs au niveau de la bouche et de sa périphérie : dents, bouche, mâchoire et visage, mais aussi la région de l'oreille, de la nuque, le cou et le crâne.
La zone orofaciale est innervée par le nerf trijumeau et les premières racines cervicales des dents. Il s’agit d’un nerf mixte, à la fois moteur et sensitif, ce qui renforce le ressenti douloureux.
L’expérience de la douleur est personnelle, culturelle et sociétale. Elle peut avoir de réelles répercussions psychologiques et sociologiques pour le patient. Pour toutes ces raisons, il est difficile de systématiser ou de schématiser la prise en charge de la douleur. Le chirurgien-dentiste est un des interlocuteurs privilégiés pour prendre en charge des patients atteints de douleur orofaciale.
Les deux grands types de douleurs orofaciales
Douleur orofaciale aigue
C’est une douleur physiologique, induite
par une stimulation des récepteurs périphériques de la douleur.
Cette anatomie confère à la douleur
orofaciale des caractéristiques variées : continue ou intermittente, de faible
ou forte intensité, localisée ou diffuse.
Diffusion de la douleur dans la sphère orofaciale : la douleur orofaciale peut toucher différentes structures de la cavité buccale : dentaires, parodontales, muqueuse, salivaire, articulaire, osseuse.
Diffusion de la douleur dans la sphère orofaciale : la douleur orofaciale peut toucher différentes structures de la cavité buccale : dentaires, parodontales, muqueuse, salivaire, articulaire, osseuse.
Les douleurs orofaciales peuvent être caractérisées par leur origine : inflammatoire et infectieuse, traumatique, dysimmunitaire, tumorale, iatrogène ou conséquente à une dysfonction du système immunitaire.
QUELQUES PATHOLOGIES
Douleurs d’origine dentaire
Hypersensibilité
dentinaire : elle est liée à une exposition anormale de la dentine et survient
suite à l’exposition de stimuli thermique (froid), mécanique (brosse à dent) ou
encore chimique (aliments acides).
Carie : l’attaque acide d’une carie provoque une inflammation de la pulpe qui est douloureuse.
Carie : l’attaque acide d’une carie provoque une inflammation de la pulpe qui est douloureuse.
Fêlure ou fracture : ces
affectations structurelles de la dent vont engendrer des douleurs allant de la
gêne à l’impossibilité de mastiquer.
Parodontite : cette inflammation du tissu parodontal est causée par une infection bactérienne qui entraîne une destruction du tissu et une perte des dents.
Douleurs d’origine desmondontale
Parodontite : cette inflammation du tissu parodontal est causée par une infection bactérienne qui entraîne une destruction du tissu et une perte des dents.
Douleurs d’origine desmondontale
Desmodontite : cette
inflammation du tissu desmodonte est aussi appelée arthrite dentaire. Elle peut
être soit d’origine infectieuse (suite d’une pulpite, la présence d’un corps
étranger ou en cas de sinusite aigüe) soit d’origine physique (traumatisme).
Douleurs desmontales : peuvent
survenir suite à une chute ou tout autre événement traumatique mais aussi lors
de thérapies orthodontiques avec des appareils dentaires.
Douleurs d’origine parodontale
Syndrome du septum : un bourrage
alimentaire entre l’espace interdentaire peut être à l’origine de douleurs
pulsatiles exacerbées par la mastication.
Douleurs d’origine muqueuse
Douleurs d’origine muqueuse
Erosion herpétique : engendre des
douleurs à cause d’infections dues à des virus d’herpès humain (HHV 1,2 ou 3).
Candidose : brûlures, goût
métallique et gêne à la mastication sont les symptômes de telles infections
causées par des champignons.
Sinusite : la douleur liée à cette pathologie est localisée et peut être aggravée lors de changement de position de tête.
Aphtes : ces lésions de la muqueuse selon leur localisation vont provoquer une gêne à l’élocution, l’alimentation et la déglutition car les douleurs sont importantes.
Cancer : la douleur est un signal d’alarme qui arrive tardivement dans ce type de maladie mais représente une affection importante. Selon la localisation la douleur peut varier. Les cancers des amygdales et du pharynx sont les plus douloureux car ils compriment des nerfs liés au pharynx et aux cervicales en irradiant jusqu’aux oreilles.
Sinusite : la douleur liée à cette pathologie est localisée et peut être aggravée lors de changement de position de tête.
Aphtes : ces lésions de la muqueuse selon leur localisation vont provoquer une gêne à l’élocution, l’alimentation et la déglutition car les douleurs sont importantes.
Cancer : la douleur est un signal d’alarme qui arrive tardivement dans ce type de maladie mais représente une affection importante. Selon la localisation la douleur peut varier. Les cancers des amygdales et du pharynx sont les plus douloureux car ils compriment des nerfs liés au pharynx et aux cervicales en irradiant jusqu’aux oreilles.
Douleurs d’origine salivaire
Colique salivaire : une douleur
vive se fait ressentir suite à l’obstruction d’un canal ou d’une glande
salivaire et de l’accumulation de la salive qui ne peut s’écouler normalement.
Douleurs d’origine osseuse
Alvéolite : cette
complication suite à l’extraction d’une dent provoque des douleurs vives
irradiantes.
Ostéoradionécrose : c’est une conséquence de la radiothérapie cervico-faciale peu fréquente qui est due à une mauvaise cicatrisation des tissus osseux liée à une altération des vaisseaux sanguins.
Douleurs d’origine articulaire
Arthromyalgies : groupe
hétérogène de pathologies pour lesquelles les patients peuvent souffrir de
douleurs musculaires (myalgies) ou articulaires ou les deux. Les symptômes sont
très variés allant de la simple gêne ou de la limitation des mouvements
mandibulaires à des douleurs dues à des lésions articulaires. Le caractère aigu
provient de traumatismes. Mais pour certaines des pathologies, elles possèdent
un caractère chronique ou persistant causé par plusieurs facteurs.
LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR OROFACIALE AIGÜE
Avant de rechercher les signes objectifs
de la douleur orofaciale, il est nécessaire de réaliser un entretien pour
évaluer la douleur de manière quantitative et qualitative. Le motif de
consultation étant la douleur, et souvent en contexte d’urgence, le
chirurgien-dentiste doit prendre en compte le vécu du patient par rapport à la
douleur et aux soins dentaires afin de poser une première hypothèse de
diagnostic. Il tient compte des influences culturelles et environnementales
(médicales, sociales…) reçues par le patient qui vont moduler son ressenti de
la douleur.
Ensemble, ils vont retracer l’histoire de la douleur et évaluer la douleur à l’aide d’une échelle de la douleur. Puis un examen médical sera réalisé pour compléter le diagnostic et proposer une prise en charge.
QUELS TRAITEMENTS POUR LA DOULEUR OROFACIALE AIGUE ?
La plupart des douleurs orales aigues
nécessitent un traitement étiologique qui sera le plus souvent chirurgical.
L’éviction d’une lésion carieuse, le traitement endodontique ou parodontal
seront les meilleurs traitements des douleurs aigues. Ces traitements
chirurgicaux peuvent s’accompagner de la prescription d’un traitement médical
de médicaments antalgiques (paracétamol, ibuprofène, codéine, tramadol) ou plus
rarement d’un traitement antibiotique.
Toutes les douleurs orofaciales chroniques doivent faire l’objet d’un diagnostic par un spécialiste de médecine bucco-dentaire ou de chirurgie orale.
LA DOULEUR OROFACIALE CHRONIQUE
C’est une douleur qui revient de manière
récurrente depuis plusieurs mois ou années sur des zones variables de la tête.
Si une douleur dure depuis plus de trois mois, on dit qu’elle est chronique.
IL EXISTE PLUSIEURS TYPES DE DOULEUR OROFACIALE
CHRONIQUE :
- NEUROLOGIQUES : comme la
migraine, l'algie vasculaire de la face, la névralgie essentielle du trijumeau
ou encore toutes les douleurs neuropathiques post-opératoires de la bouche. Ces
douleurs chroniques sont prises en charge par un traitement spécifique mis en
place par un neurologue ou par un chirurgien-dentiste spécialisé dans le traitement
des douleurs chroniques.
- "IDIOPATHIQUES", c'est-à-dire sans cause apparente
(lésions, etc.). C’est le cas du syndrome de la bouche en feu (stomatodynie,
glossodynie), qui provoque des sensations de brûlures ou de picotement dans la
cavité buccale alors qu’aucun traumatisme n’a été reçu dans cette zone.
Quels traitements pour la douleur orofaciale chronique ?
Quels traitements pour la douleur orofaciale chronique ?
Le traitement de la douleur orofaciale
chronique doit nécessairement comprendre une prise en charge biologique (le
plus souvent médicamenteuse avec des médicaments contre ces douleurs chroniques
et/ou neuropathique), un accompagnement psychologique et
Psychothérapeutique (tout
particulièrement les thérapies
comportementales) et en replaçant
toujours la personne dans son contexte social.
Tous les chirurgiens-dentistes savent reconnaître une maladie douloureuse chronique. Le plus souvent les patients doivent être soignés par des médecins ou des chirurgiens-dentistes spécialisés dans le traitement des douleurs chroniques.
Tous les chirurgiens-dentistes savent reconnaître une maladie douloureuse chronique. Le plus souvent les patients doivent être soignés par des médecins ou des chirurgiens-dentistes spécialisés dans le traitement des douleurs chroniques.
Plus la peine d’avoir peur de la douleur au cabinet dentaire !
Bien souvent, la peur d’expérimenter la
douleur au cabinet dentaire est si forte que nombre de patients, petits et
grands, refusent de passer la porte…
Les dentistes disposent désormais de méthodes efficaces pour contrôler la douleur liée aux soins qu'ils délivrent et le temps de « la peur du dentiste » devrait donc être révolu, tant pour les enfants que les adultes.
Les dentistes disposent désormais de méthodes efficaces pour contrôler la douleur liée aux soins qu'ils délivrent et le temps de « la peur du dentiste » devrait donc être révolu, tant pour les enfants que les adultes.
Il est nécessaire pour le chirurgien-dentiste de prendre en charge tout d'abord l'anxiété des patients, qui décuple les sensations et peut faire paraître très pénibles des soins qui sont seulement désagréables.
Cette appréhension des soins dentaires est le plus souvent alimentée par le vécu familial (mauvais souvenirs des parents qui transmettent leur angoisse) et personnel (expérience antérieure désagréable lors d'une vaccination, par exemple), mais aussi par la peur de l'inconnu et la sensation de perte de contrôle lorsque l'on se retrouve exposé bouche ouverte.
Il faut que le chirurgien-dentiste privilégie le dialogue et explique le déroulement de l'intervention pour calmer et rassurer le patient et réduire la perception douloureuse.
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